Arts textuels

Éden lointain

Sur les ruines du monde que nous imaginions

à la renverse

je saigne la pitance

que tu as toujours refusée

l'aura d'une danse

qui nous perdit

 

il a fallu que tu ruines tout

de nos écritures,

de notre histoire,

de nos prières

la clarté

d'une quête

à laquelle nous ne comprenions rien

 

Scindés,

répétant le même schéma

inlassablement

 

de nos désaccords

 

nous avons dû accepter nos regards démêlés

le silence d'un chemin dénué de lumière

sur les ruines du monde que nous imaginions

 

il faudrait que tu ruines tout

du sablier aux ridules,

au temps qui passe

qui dissipe

les souvenirs

d'une jeunesse perdue

de possibilités illusoires

mirages parmi rêves valises

trop lourdes à traîner, à trimbaler

sur les ruines du monde que nous imaginions

 

il faut que tu ruines tout

nos espoirs comme nos dés

espoirs à jeter dans le vide

Applaudissez en masse les machines autonomes

 

Emportez le souffle corsé

de cœurs envoûtés

derniers échantillons d'humanité

sur les ruines du monde que nous imaginions

 

il faudra que tu ruines tout

sans hésitation

sans main qui tremble

d’un incendie pur et sourd

livrant éveil et soupir

aux âmes en demande

de renaissance

 

que s'effondrent désormais

les merveilles et les fausses idoles

qui dansent à l'aveugle

sans honte et sans pudeur

sur les ruines d'un monde que nous imaginions