Sacha ZAMKA
cadran
mort le présent et détruit le présage
restent les corps et peut-être les âmes
on se soutient désastre après désastre
quoiqu’il advienne on n’a jamais les armes
sur le cadran l’éternité retarde
on naît poussière et on existe grâce
larmes
c’est le mort qui porte les larmes
que le vivant laisse tomber
parmi astres et galaxies
peut-être qu’exister est vain
au milieu des pierres tombales
on ne peut que trahir le deuil
dans le jardin de la mémoire
plus rien ne sera comme avant
oracle
vivre qui voit ? exister qui regarde ?
on parle on parle et c’est le seul oracle
on se raccroche aux feuillages des arbres
c’est perdre foi et c’est perdre visage
on dit à cause on devrait dire grâce
oeil on s’aveugle à devenir des larmes
autour
on écoute le vent pleurer
à la place de la douleur
dans les cratères et les crêtes
d’un astre qui n’existe pas
on n’a jamais que la splendeur
de ce qui vibre autour de soi
et vivre n’est qu’une autre énigme
qu’aucun n’aura su déchiffrer
Né en 1995, Sacha ZAMKA grandit en France. Après ses études, il découvre Vienne, New York, Montréal. Il se consacre à l’écriture de nouvelles et de poèmes depuis lors. Ses écrits, hantés par l’enfance, interrogent le deuil, l’identité, la mémoire, dans une langue où s’affrontent fragments bibliques et expériences quotidiennes, témoignant d’une condition diasporique.
Ses écrits ont été accueillis favorablement depuis 2021 en France et en Belgique dans les revues : À l’index, Comme en poésie, Traversées, Le journal des poètes, Libelle, Wam, La page blanche, Arpa, Nouveaux délits, Poésie/Première, Soleils et Cendre, Le Cafard hérétique, ainsi que dans l’anthologie Dans les Brumes.