Arts textuels

À l'aube de mes nuits

Baignée par des rivières insondables,

où ruissellent encore mes blessures,

blessures d’une enfance défragmentée,

je perçois encore

le reflet de ces visages grotesques, 

qui dansent comme des vautours.

                                                 Il m’arrive d’entendre au loin,

                                                 loin derrière les rives asséchées,                                          

la musique de Tchaïkovski,

ivre et difforme,

comme une image opaque imbibée d’alcool.

 

Et seuls,

 

à travers l’immensité du vide,

des nuages en fleurs,

bambins joufflus,

me sourient et crapahutent,

sur des fontaines d’étoiles.

 

Je voudrais les toucher mais mes mains tremblent et meurent...

 

                                         Et il y a aussi,

                                            parfois,

quand le silence expire,

dans chaque rêve sauvage

qui égrène mes nuits,

cette respiration haletante,

qui prend des airs,

de cheval moribond.

Oui,

ma souffrance est partout,

parmi les nuages de plomb,

parmi les forêts aux multiples visages,

parmi les flots titubants des herbes folles,

                                                        et dans chaque soubresaut des vagues,

                                                        qui résonnent dans mes veines.